Où se situe l’automobile dans sa quête d’une industrie tournée vers le développement durable ? Le cabinet Capgemini s’est interrogé sur la question et a dressé un bilan dont le compte rendu vient d’être publié en ligne (lien ici). Une étude au terme de laquelle les experts sont notamment parvenus à la conclusion que des efforts restent à fournir de la part des constructeurs et des équipementiers dans ce registre.
Alors que 77 % des dirigeants des grandes entreprises automobiles estiment suffisants les investissements faits en matière de développement durable (contre 21 % qui jugent qu’ils sont en-deçà des besoins), il y a un expert sur deux qui invite les constructeurs et les équipementiers à accélérer la manœuvre. Le sondage de Capgemini rapporte toutefois que 47 % de ces mêmes experts approuvent la politique budgétaire des industriels.
Manque à investir de 50 milliards de dollars
Selon le calcul du cabinet, les dix principales entreprises automobiles consacrent 0,4 % de leurs revenus au financement de mesures liées au développement durable. Dans une configuration idéale, Capgemini recommande de tabler sur une part de 0,9 %. Considérant les revenus estimés pour les cinq années à venir et cette marge de 0,5 points, les dix principaux industriels affichent un manque à investir de 50 milliards de dollars. Tel sera l’enjeu.
Qu’on ne s’y trompe pas. Il n’est pas question des sommes engagées en R&D pure ou dans la conception des véhicules électriques et/ou autonomes. Les critères étudiés par Capgemini sont d’un tout autre intérêt.
« Le secteur automobile est considéré comme un chef de file du développement durable, en comparaison d’autres industries. Nous avons analysé 13 critères objectifs applicables à chacune des verticales et il en ressort une disparité. L’automobile se montre à la fois très mature sur certains sujets et en retard sur d’autres« , récapitule Stéphane Houette, le directeur de la division automobile de Capgemini France.
Péché de sous-estimation
Un déséquilibre que l’analyste attribue à l’ADN de l’automobile.
« Les entreprises ont des indicateurs de performance focalisés sur l’efficacité opérationnelle« , met-il en exergue.
Avec un peu d’avance sur les équipementiers en taux d’adoption, les constructeurs se montrent néanmoins très à la pointe pour accompagner et faire la promotion d’une économie circulaire ou encore pour adopter une conception respectueuse de l’environnement. Fournisseurs et producteurs rivalisent de maturité dans le domaine de la R&D responsable.
A l’inverse, l’industrie dans son ensemble pêche par retard ou sous-estimation du caractère prioritaire dans bien des cas. Les produits, la chaîne logistique, le recyclage/mise au rebus, la politique de travail équitable, les actes de vente, de marketing et d’après-vente ou encore les services de mobilité et digitaux sont autant de points faibles. Mais la mention spéciale revient à un autre élément clé.
« L’informatique durable passe au second plan car son impact est jugé faible sur les indicateurs de performance majeurs« , souligne à regret Stéphane Houette.
Les équipementiers sont particulièrement dans le viseur, au regard des statistiques d’adoption et de priorisation.
L’allemagne, les Etats-Unis… et la France
Il n’y a pas d’effet de régionalité, pas de continent plus en avance que ses concurrents. Deux pays se détachent cependant. Chacun en tête du classement dans quatre catégories, les Etats-Unis et l’Allemagne servent d’exemples dans la communauté automobile. Mais en réalité, si l’on prend les statistiques d’adoption par item, alors il apparaît que l’Allemagne et la France sont les plus à la pointe dans le monde. Les germaniques obtiennent la palme pour leur capacité à supporter et faire la promotion de l’économie circulaire (67 % des acteurs locaux ont appliqué des mesures) et se montrent efficaces dans leurs usines (55 % d’adoption de mesures). L’Hexagone enregistre un score de 56 % d’initiatives en R&D et de 38 % pour les produits.
La même France qui a tout à prouver sur les chaînes de production (dernier avec 31 % d’initiatives), sur les chaîne logistiques (23 %, contre 37 % aux Etats-Unis) et sur l’approvisionnement de métaux, matériaux et produits (8 %, contre 30 % pour la Suède), autant de sujet où elle pointe au dernier rang des pays industriels étudiés. Mais le Royaume-Uni fait pire encore en figurant dernier de 5 des 13 catégories, notamment dans celle des services de mobilité et digitaux (3 %, pire score tout critère confondu).
Source : Journal de l’Automobile