Alors que des groupes industriels suppriment des emplois en masse, le commerce et les services automobiles continuent de clamer leur besoin de main-d’œuvre. Gouvernement et organismes tentent de structurer et de multiplier les cursus de formation pour attirer toujours plus de jeunes.
L’Observatoire de la branche des services de l’automobile, avec le concours de l’Association nationale pour la formation automobile (Anfa), avait annoncé un total de 340 646 salariés travaillant dans le secteur du commerce et de la réparation de voitures, motocycles et poids lourds au 31 décembre 2019. Au quatrième trimestre, l’emploi progressait de 0,4% par rapport à l’exercice précédent, avec 1 400 salariés supplémentaires. Sur l’année totale, 7 000 nouveaux salariés avaient rejoint les rangs des services de l’automobile. Mais le dernier baromètre, paru en juillet 2020, fait état d’une rupture dans le rythme de croissance.
Première baisse depuis 2015
L’emploi estimé dans le secteur au premier trimestre 2020 a représenté 339 650 salariés, en baisse de 0,4%, soit 1 250 personnes de moins.
« Pour la première fois depuis 2015, la courbe de l’emploi dans la branche connaît une baisse significative, imputable en grande partie au confinement, souligne l’observatoire. Auparavant, l’emploi n’a jamais cessé de progresser pendant cinq années consécutives, ce qui a représenté un gain de près de 27 000 salariés (+8,5%).»
D’après une enquête menée en juin 2020 par l’opérateur de compétences des métiers de la mobilité OPCO Mobilités, les prévisions sur l’emploi restent positives. Bien que la plupart des sociétés dites « de mobilité » aient souffert des restrictions liées au confinement, 64% d’entre elles prévoient un effectif stable d’ici à la fin de l’année, 16% des employeurs anticipent même une hausse des effectifs. Seuls 8% pensent à une baisse de leurs équipes. Et selon plusieurs estimations officielles, le secteur automobile français dénombre 400 000 salariés chez les constructeurs et équipementiers et autant dans la branche des services automobiles. Tous œuvrent pour le compte de 142 000 entreprises. Un secteur d’activité essentiel à la France, à tel point que la filière a bénéficié d’un plan de soutien de plus de 8 Mds€. Depuis, une multitude de projets d’aides ont fleuri.
« Un jeune, une solution »
En juillet dernier, le Premier ministre Jean Castex a sonné la mobilisation en faveur de l’emploi des jeunes, qui peinent à s’insérer sur le marché du travail en cette période de crise. Le plan baptisé « Un jeune, une solution » prévoit de débloquer la somme de 6,5 Mds€ sur la période 2020-2021 pour soutenir l’emploi des moins de 25 ans.
Début août, cette aide à l’embauche a été étendue aux moins de 26 ans. Un réajustement qui représente 10% de personnes en plus. Cela signifie que toute entreprise qui recrutera une personne de cette tranche d’âge d’ici à janvier 2021 (CDD d’au moins trois mois ou CDI) pour une rémunération inférieure ou égale à deux fois le Smic se verra attribuer une aide de 4 000 €. Ce coup de pouce pourrait permettre la signature de 450 000 contrats, espère le gouvernement.
« La jeunesse ne doit pas être la variable d’ajustement dans cette crise sanitaire, économique et sociale, l’emploi des jeunes est au cœur du travail mené avec les partenaires sociaux pour préparer le plan de relance. Il n’y aura pas de génération sacrifiée », a indiqué le ministère du Travail, lors de la présentation, le 4 juin 2020, d’un dispositif de relance de l’apprentissage, qui, partie intégrante du plan « Un jeune, une solution », repose sur des mesures concrètes : prime exceptionnelle versée à l’entreprise qui embauche des apprentis (8 000 € par apprenti majeur, 5 000 € par apprenti mineur en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation), prolongation de trois à six mois de la période d’un jeune en CFA, avant de conclure un contrat. Là aussi, le gouvernement espère la signature de centaines de milliers de contrats supplémentaires.
Les organismes professionnels se mobilisent aussi fortement pour leur filière. Le CNPA s’est félicité du lancement en juillet dernier de son programme « Compétences emploi 2020-2022 », qui vise à former 14 000 stagiaires au cours des deux prochaines années. Le budget de ce projet, soutenu par l’OPCO Mobilités, devrait s’élever à 19 M€ au total.
« C’est un investissement d’ampleur historique pour la branche des services de l’automobile, souligne le CNPA. Ce programme triennal a pour objectif d’améliorer la compétitivité des entreprises par l’acquisition et le développement des compétences de leurs collaborateurs, au regard des évolutions technologiques issues des nouvelles motorisations, de l’accélération de la connectivité des véhicules, impactant le processus de maintenance et de vente, du renforcement des normes liées à la protection de l’environnement et à la sécurité routière. »
Des plateformes de l’emploi
D’autres entités contribuent à l’effort national en faveur de l’emploi. La Fédération française de la carrosserie (FFC) par exemple, qui a inauguré en juin la plateforme Mobili’job, entièrement consacrée aux offres d’emplois en carrosserie, réparation, peinture, comptabilité, contrôle technique, recyclage, dépannage-remorquage, location, maintenance, préparation des véhicules, vente de véhicules et pièces de rechange et accessoires… De son côté, l’Anfa a lancé sa propre plateforme numérique dédiée à la formation afin de soutenir chaque établissement dans la poursuite des enseignements aux métiers des services de l’automobile, mais à distance. Cette formation digitale, proposant 80 vidéos de sensibilisation ou de modules de formation, est gratuite pour les formateurs des CFA et lycées professionnels. Elle est accessible via un formulaire d’inscription et permet l’interaction entre tous. Selon une enquête de l’Anfa, 43% des formateurs ont assuré que leur CFA s’était déjà engagé sur des projets de formation à distance, préalablement à la crise du Covid-19, 87% ont mis en place une première séance à distance en deux semaines maximum et 27% ont souligné l’implication des entreprises dans l’apprentissage.
L’emploi automobile sur Leboncoin
Depuis le début de 2020, en moyenne, 4 100 annonces sont en ligne à tout moment, soit une hausse de 10% par rapport à 2019.
Pendant le confinement :
- -38% d’annonces en ligne par rapport à janvier et février 2019
- -50% des intentions de candidatures
À partir du mois de mai :
- +100% du volume d’annonces en ligne chaque mois (les niveaux de 2019 ont été retrouvés)
- +120 à +130% des vues et intentions de candidatures entre mai et juin
- +20% de candidatures par rapport à juin 2019
Les métiers les plus prisés dans l’automobile :
- Vendeur auto
- Mécanicien
- Technicien de maintenance
- Carrossier
- Apprenti
Des « garages écoles »pour la rentrée 2021
Face à la pénurie de mécaniciens et de carrossiers, trois entreprises ont décidé de s’allier pour accompagner des jeunes dans l’apprentissage de ces métiers. En juin dernier, Motul, Norauto et Club Identicar, avec le soutien de la Fédération nationale des écoles de production (FNEP), ont fondé leur association « Les Garages écoles », dont le but est d’assurer la formation professionnelle et éducative de jeunes de 15 à 18 ans en échec scolaire (on en dénombre 80 000 de plus chaque année) et leur insertion en entreprise. Tous prévoient d’ouvrir une quinzaine d’écoles labellisées « Écoles de production » et de former 450 élèves par an. Ni lycée, ni alternance, cette troisième voie repose sur un modèle pédagogique original : l’apprentissage du métier dans les conditions réelles d’un atelier, avec entretien et réparation pour de vrais clients. À la clé, un diplôme, CAP ou bac pro, et un emploi. Alors que 40 000 postes sont vacants dans la filière en France, l’association promet jusqu’à cinq offres d’emploi par élève à la sortie de l’école. Si les jeunes sont au rendez-vous, un premier « garage école » pourrait voir le jour au Mans dès septembre 2021.
Source : L’Argus Pro